Rapport Final de Projet

Automatisation d'une Érablière Commerciale

dans le cadre du cours

Projet de Synthèse (INF4173)
UQAH

par

Bruno Ouellet

20 décembre 2001

 

Introduction

        Au cours des dix dernières années, une poussée technologique a littéralement frappé de plein fouet notre monde dans lequel nous vivons. Tous les domaines ont été touchés par cette vague d’informatisation et d’automatisation. Que ce soit au travail, à la maison, dans les écoles ou encore dans l’industrie, l’informatique influence quotidiennement nos habitudes de vie. Tous ces nouveaux outils ou méthodes nous permettent de faire plus en moins de temps et nous ouvrent parfois des portes vers des solutions qui, auparavant, appartenaient au monde de l’imaginaire. Du côté industriel, cette explosion technologique a permis, dans la majorité des cas, de simplifier ou d’automatiser plusieurs tâches où l’implication humaine était requise pour ne pas dire nécessaire. Ces tâches nouvellement automatisées permettent donc, entre autre, de contrôler plus adéquatement des processus quelconques, de minimiser les pertes de temps et argent passées à la vérification, à l’identification et à la correction des fautes. Avec l’aide de l’informatique, les entreprises deviennent donc de plus en plus rentables et efficaces dans un marché des plus compétitifs. Le présent projet constitue une application directe d’informatisation ou d’automatisation à un domaine encore très peu touché par cette vague. Ce domaine est celui des érablières commerciales.

 

Mise en situation

Arbre avec tubulures

     Un propriétaire d'une érablière commerciale de la région de la Beauce désire automatiser partiellement le fonctionnement du processus de cueillette et de transformation de l'eau d'érable. Présentement, le système de cueillette fonctionne à l'aide d'un réseau de conduits reliant tous les érables à un système de pompage sous-vide. Par exemple, la pompe effectue un vacuum sur un tuyau principal. Sur ce tuyau sont connectées 10 lignes maîtresses qui chacune reçoit les tubulures provenant d’environ 500 érables. Lorsqu'une fuite d'air se produit dans ce système en mode vacuum, on diminue donc l'efficacité entière du système, ce qui résulte en pertes économiques importantes. Il est à noter que la pression vacuum idéale pour le système oscille autour de –5PSI en valeur absolue, ce qui correspond à une baisse de 20PSI par rapport à la pression ambiante.

        Lorsqu’il y a des défectuosités sur le système créant des pertes de vacuum (ligne percée par des rongeurs, connexion brisée par le vent ou par une branche cassée, etc.) un certain temps est requis pour s’apercevoir de la défectuosité. Présentement des méthodes archaïques sont utilisées pour déceler ces bris. Parmi celles-ci figurent une observation du taux d’utilisation de la pompe vacuum ou encore une indication sommaire provenant de l’indicateur de pression à la sortie de la pompe. Aussitôt que l’on confirme une perte de pression importante, une ou plusieurs personnes doivent parcourir tout le réseau de tubulure, de façon plus ou moins ordonnée, afin de déceler l’endroit où la perte de pression s’effectue. Une autre façon plus méthodique consiste à débrancher temporairement l'arrivée d'eau de chaque ligne principale à tour de rôle, afin de la tester individuellement avec la pompe. Se faisant, le système devient donc hors d’usage pour une courte période de temps. 

        Étant donné que la saison des sucres est très courte, il est primordial que le système de cueillette d’eau d’érable ait un taux d’efficacité et d’opération le plus élevé possible. Dans l’opposé, cela engendre des pertes de revenu assez importantes pour le producteur. Ces pertes monétaires proviennent principalement d’une diminution de la production annuelle de sirop d’érable et autres produits dérivés, et aussi d’une augmentation de la main d’œuvre nécessaire pour identifier et trouver les défectuosités sur le système car rien n’indique précisément où la défectuosité se situe. On m’a même mentionné que plusieurs autres producteurs faisaient systématiquement des recherches à l’aveuglette!

 

But du projet

       Le but de ce projet est d’automatiser le fonctionnement d’une érablière commerciale afin d’optimiser son rendement et réduire significativement les pertes monétaires reliées au mauvais fonctionnement de l’instrumentation.

 

Objectifs du projet

       L’objectif primaire de ce projet est d’automatiser la vérification et l’identification des fautes au sein du système de cueillette de l’eau d’érable. Cet objectif comprend quatre sous-objectifs :

  • Effectuer des lectures de vacuum en temps réel sur les lignes principales
  • Visualiser clairement les données saisies sur un ordinateur personnel
  • Enregistrer les données sur fichier pour références futures
  • Concevoir une architecture de système qui sera flexible et qui s’adaptera facilement aux expansions futures

       Les objectifs secondaires touchent principalement l’automatisation du système de transformation de l’eau d’érable. Ceux-ci comprennent :

  • Ajouts de capteurs ailleurs au sein du processus de transformation de l’eau d’érable
  • Visualiser clairement ces nouvelles données et les enregistrer ci-requis
  • Concevoir une architecture de système qui permettra de, non seulement acquérir des données, mais aussi de contrôler à distance plusieurs fonctions industrielles comme arrêt/départ de moteur ou pompe, etc.

 

Approche générale

       Dès le début, j’ai considéré ce projet comme un vrai défi en soi, car ce dernier adressait un problème réel et allait même au-delà des notions vues durant mon baccalauréat en informatique. À première vue, ce projet semblait assez complexe mais mes notions antécédentes en électrotechnique faisaient que je pouvais et voulais relever ce défi, même en dépit des commentaires de quelques personnes qui ont voulu initialement me décourager. Afin de mener ce projet à bon terme, il fallait que je développe une approche générale face au projet. En partant, il était clair que mon projet avait une saveur plus prononcée en design électronique qu’en design logiciel. N’empêche qu’en bout de ligne, les concepts demeuraient les mêmes et une solution devait être trouvée. L’approche initiale que j’ai eue fut basée sur deux concepts de base. Comme vue en classe, le premier concept fut de "Diviser pour régner! ". C’est-à-dire briser mon problème en sous-problèmes et de résoudre chacun de ces derniers un à la fois. Le deuxième concept en est un assez âgé et de plus en plus utilisé de part le monde : "Il ne faut pas réinventer la roue! ". En bref, je voulais développer un système basé sur une architecture ouverte qui utilise des protocoles, des composants et des logiciels existants. Se faisant, je m’assurais de m’attaquer directement au problème et non pas à un obstacle entre moi et la solution.

       L’analyse primaire du projet m’indiquait qu’il fallait que premièrement je comprenne le besoin. Par la suite, je devais identifier les composantes principales du système et proposer une architecture. Si tout allait bien et si je trouvais les ressources, je prévoyais aussi effectuer des tests suivis d’une démonstration. Suite à cette analyse initiale, j’ai donc pu briser mon projet en huit étapes. Ces étapes distinctes sont les suivantes :

  • Rédaction et compréhension de l’énoncé des besoins
  • Établissement des spécifications générales du système
  • Recherche et identification des composants technologiques
  • Design général du système
  • Tests des composants électroniques
  • Choix et conception logiciel
  • Tests d’intégration en laboratoire
  • Démonstration en laboratoire et installation en situation

       Les paragraphes qui suivent reprennent chacune de ces huit étapes distinctes et résument leurs contenus ainsi que les résultats obtenus durant le projet.

 

Rédaction et compréhension de l'énoncé des besoins

       La première tâche que j’ai dû exécuter pour ce travail fut de rédiger l’énoncé des besoins du système sur lequel je baserais mon projet. Par l’intermédiaire du téléphone, de fac-similés et bien entendu d’Internet, j’ai interagi à maintes reprises avec mon client habitant en Beauce afin de recueillir toute l’information nécessaire qui guiderait mon projet. J’ai donc pu recueillir les fonctionnalités que mon client désirait et aussi les caractéristiques générales du système, comme par exemple la température d’opération, la dimension géographique du terrain à couvrir, les particularités du système existant, etc.

       Avec l’aide de mon client, cette information fut ensuite brisée en deux catégories de besoin, soit les besoins primaires et ceux secondaires. En bref, nous avons regroupé sous les besoins primaires toutes les fonctionnalités essentielles qui devraient se retrouver au sein de la solution développée et aussi toutes les données techniques qui doivent caractériser le système. Sous les besoins secondaires figurent les fonctionnalités que mon client aimerait éventuellement obtenir mais qui ne sont pas importantes pour la première phase de l’automatisation de l’érablière. Il va donc de soi de dire qu’à partir de ce moment, il fut clair que l’automatisation de l’érablière se ferait en deux phases subséquentes et que mon projet dans le cadre du cours Projet de Synthèse devenait automatiquement la première phase.

       Une fois sa rédaction complétée, cet énoncé des besoins m’a permis de vraiment bien comprendre l’envergure de ce projet et m'a facilité l’extraction des spécifications requises du système. Cliquez sur le lien suivant: Énoncé des besoins afin de visualiser le contenu de l'énoncé.

 

Établissement des spécifications générales du système

       Suite à la rédaction de l’énoncé des besoins, je voulais définir de façon générale, les spécifications générales du système avant d’aller de l’avant afin de réduire mes risques d’échec et de fournir vraiment une solution viable. Cette phase fut plutôt abstraite car, étant donné que mon projet était relativement petit, j’ai pu effectuer intellectuellement et de manière non formelle cette analyse. Les résultats furent les suivants :

  • Le propriétaire doit pouvoir maintenir le système seul. Cela veut dire qu’une fois installé, le système doit pouvoir être maintenu avec le minimum d’aide extérieur. Il serait souhaitable que les bris possibles au système soient préalablement identifiés et qu’un plan d’action simple et efficace existe. Les raisons sont simples. Les érablières se retrouvent souvent dans des régions éloignées et l’on ne peut dépendre d’une tierce partie qui prendrait beaucoup de temps pour répondre à un appel technique. Deuxièmement, les coûts d’opération de l’érablière doivent rester le plus bas possible, donc il était hors de question de proposer un service technique coûteux pour assurer la maintenance. Le système doit donc être fiable, facile d’installation et utiliser des composants avec une architecture ouverte.

  • Le système doit pouvoir être fonctionnel à partir d’un ordinateur standard. C’est-à-dire que le logiciel doit pouvoir fonctionner sur un ordinateur IBM ou clone de type 486 ou plus puissant. De plus, le lien de communication avec les capteurs doit être possible à partir de cette architecture.

  • L’interface utilisateur doit être simple et indicative. L’utilisateur doit être en mesure d’un simple regard de constater si tout fonctionne bien ou non, et cela sur toutes ses lignes. Des alarmes visuelles ou sonores doivent existées.

  • Lecture simultanée sur plusieurs capteurs. Cette spécification est probablement celle qui fut la plus problématique et celle qui forgera le plus la solution. Étant donné que je dois effectuer un minimum de 10 lectures simultanées de capteurs et que ce nombre peut monter jusqu’à 100, il est clair qu’un système de multiplexage/réseautage serait requis. Le câblage direct de chaque capteur vers la cabane principale doit aussi être rejeté car avec des distances moyennes de 500 pieds, l’érablière se changerait rapidement en assiette de spaghetti avec tous les câbles requis! Le design général du système devait donc offrir toute l’expansion désirée et supporter une connexion de style arbre similaire au réseau de tubulure. Par exemple, il serait souhaitable qu’un seul lien interconnecte le bâtiment principal à la station de pompage maître située à près de 2000 pieds, et que de là le système pourrait être divisé.

  • Le système doit fonctionner à l’intérieur des distances énoncées. Le système couvre une région de 1000 x 2000 pieds et éventuellement au-delà de ce rectangle lors d’une expansion prévue. Pour les capteurs, étant donné qu’il n’y a pas d’électricité dans les bois, l’alimentation doit provenir du lien, dans notre cas de la station de pompage. Chaque capteur doit donc être soit en réseau ou encore fournir un signal lisible jusqu’à 1000 pieds de distance. À première vue, mettre les capteurs en réseau peut devenir assez complexe. Pour ce qui est du signal transmit par les capteurs, un signal de courant est plus efficace sur de longues distances qu’un signal de voltage car ce dernier aura des pertes assez significatives. Pour ce qui est de la connexion principale entre la cabane et la station de pompage, le protocole utilisé doit pouvoir fonctionner sur des distances de près de 2000 pieds.

  • Expansion du système. Tel que décrit ci-haut, le système proposé doit permettre une augmentation significative des capteurs. De plus, tel qu’indiqué auparavant, le système doit aussi permettre, non seulement de lire différents capteurs, mais aussi de contrôler de l’instrumentation à distance.

  • Température d’opération du système. Le système opère normalement à une température variant de –10° à 10° Celsius. Les composants choisis doivent donc fonctionner adéquatement à cette température. Pour fin de test, il serait souhaitable que le système puisse répondre aux exigences du climat canadien de –40° à 35° Celsius.

  • Coût minimum. Étant donné que les capteurs sont nombreux, le coût unitaire de chacun doit être raisonnable sinon le coût total du système sera trop élevé. À titre indicatif, le coût du système proposé pour la première phase doit être moindre que $10,000.

  • Les capteurs doivent couvrir une plage de 14,5 à –5 PSI au minimum. Le système présent de vacuum fonctionne de façon optimale à 20 PSI sous la pression normale de l’air. Les capteurs choisis devront donc opérer dans cette plage et il serait souhaitable que la plage réelle des capteurs soit la plus près possible de celle du fonctionnement afin d’avoir un signal proportionnel significatif.

  • Climat. Le système, spécialement les liens, câbles, circuit du capteur ou autres composants doivent supporter le climat canadien. Des précautions sont donc nécessaires pour s’assurer que les composants seront protégés ou qu’ils ne se dégraderont pas au soleil, à la pluie, au gèle, au vent, etc.

 

Recherche et identification des composants technologiques

       La prochaine étape de ce projet fut de rechercher et d’identifier les composants du système. Cette tâche ardue a consommé près de la moitié de mon temps disponible pour le projet. Les recherches s’effectuèrent principalement sur Internet, dans les catalogues de pièces et aussi en questionnant du personnel qualifié. N’ayant pas de ressource compétente pour diriger mes recherches, il a donc fallut que je développe un degré de connaissance un peu plus élevé sur les caractéristiques de chaque composant. Une fois encore, mon approche fut de briser cette tâche générale en sous tâche et de compléter chacune de ces sous-recherches individuellement. Voici en ordre chronologique les composants que j’ai dû identifier :

  • Capteur de pression. Dès le début du projet, ce composant fut identifier comme la pierre angulaire du projet. Il fallait absolument trouver et identifier un capteur qui répondait non seulement aux normes requises, mais aussi à un prix abordable qui satisfaisait mon client, sinon je ne pouvais aller de l’avant. Au début des recherches, j’ai essayé de trouver un système déjà développé. C’est-à-dire un composant où le signal de pression en PSI était transformé en un signal standard comme par exemple de 4-20 mA. J’ai trouvé quelques solutions mais les prix étaient faramineux. Le moins cher était dans l’ordre de quelques centaines de dollars canadiens. Ce qui définitivement ne plaisait pas à mon client. La deuxième approche fut de rechercher simplement le capteur de pression et de construire moi-même le circuit de transformation pression-courant. Cette tâche fut assez longue car j’ai dû premièrement identifier quelles sont les compagnies en Amérique du Nord qui fabriquent des capteurs de pression. En bout de ligne, il y en avait qu’environ cinq. J’ai donc continué en épluchant littéralement chacun des sites web de ces compagnies. Je cherchais un capteur qui soit disponible ici au Canada, à un prix dans la région de $20 CAD. Après maintes et maintes vérifications auprès du service technique des divers fabriquants, j’ai finalement déniché la perle rare. Le capteur en question permettait une lecture de pression différentielle de 0 à 200 kPa (qui correspond à 0-29 PSI). Avec une alimentation de 10V, ce capteur produit un signal électrique de 0-40mV proportionnel à la différence de pression entre les deux ports d’entrée.

  • Circuit électronique de transformation pression-courant. Tel que mentionné au sein de la portion du travail ayant trait aux spécifications, le signal provenant des capteurs (0-40 mV) doit être transformé en un signal en courant afin de palier aux longues distances entre chaque capteur et le module de multiplexage. J’ai donc choisi un des standards les plus utilisés, celui de 4-20mA. Ce qui veut dire qu’avec aucune différence de pression sur le capteur, il y aura un signal de 4 mA à la sortie et avec une pression différentielle de 29 PSI, on retrouvera un signal de 20 mA. Initialement, j’avais commencé à faire le design de mon propre circuit d’interface avec l’aide d’un chargé de cours du module informatique. Cette première tentative fut abandonnée suite à la découverte d’une solution déjà éprouvée sur le site Internet d'un des fabriquants. Lors des tests initiaux sur cette solution, je me suis aperçu que techniquement quelque chose ne fonctionnait pas. Le diagramme proposé avait certaines lacunes qui me furent par la suite confirmées par le service d’ingénierie du fabriquant en question. Ce diagramme ne pouvait fonctionner avec le type de capteur que j’avais en dépit des dires de la feuille descriptive de l’application. J’ai donc recommencé à chercher sur Internet et j’ai trouvé un autre design d’application. Cette fois-ci, avec quelques modifications, tout semblait concorder.

  • Lien et interface entre ordinateur personnel et circuit du capteur de pression. À ce stade, j’avais les composants situés aux extrémités, à savoir un ordinateur personnel et les circuits des capteurs de pression. Je dois maintenant identifier les modules de communication et de multiplexage ainsi que le protocole et le médium de transport qui établiront une communication fiable de bout en bout. Sur le terrain, l’ordinateur est à près de 2000 pieds de la station de pompage où je pourrai installer des composants intermédiaires comme le module de multiplexage car c’est un des seuls lieux où l’on peut retrouver de l’électricité. De cette station partira le câblage vers chaque capteur. En moyenne, la distance entre la station et les capteurs variera de 200 à 1000 pieds. Étant donné que la distance la plus importante était celle entre la cabane principale où l’ordinateur se retrouve et la station de pompage, j’ai décidé d’analyser ce lien en premier afin de m’aider à identifier une solution viable. J’ai donc effectué une analyse des médiums de transport les plus utilisés en prenant aussi compte des protocoles disponibles.

            Cette analyse m'a permis de conclure que le câble téléphonique devrait être choisi comme médium de transport. De plus, les protocoles RS-232 et RS-485 semblent idéals car la vitesse de transmission n’est pas critique pour mon type d’application. J’ai donc poursuivi mes recherches en gardant cette analyse en mémoire. Lors d’une discussion avec un étudiant du module d’ingénierie en informatique, j’ai découvert une compagnie qui produisait le genre d’équipement dont j’avais besoin. J’ai donc consulté leur catalogue et confirmé par téléphone les spécifications et les prix des appareils requis.

  • Commande des pièces. Sur papier tout semblait concorder. J’avais les pièces de mon casse-tête identifiées mais étant donné que je voulais non seulement fournir une solution documentée mais aussi la prouver en laboratoire et en situation, je devais acquérir ces équipements au moins pour les tests. Pour ce qui est des composants du circuit du capteur, après discussion avec mon professeur superviseur qui était en fait le directeur du département d’informatique, ce dernier a bien voulu utiliser des fonds de recherche pour acquérir environ $150 de pièces électroniques. D’autres pièces furent aussi commandées via les différents programmes d’exemplaire gratuit des compagnies fabricantes et d’autres furent aussi achetées directement par moi. Le problème principal résidait avec les modules de communications. Ces derniers coûtaient près de $2000 CAD et provenaient d’une compagnie américaine. Après quelques discussions au téléphone avec le service à la clientèle de cette compagnie, j’ai cependant réussi à les convaincre de prêter gratuitement pour fin d’essai les quelques modules dont j'avais besoin. Quelques semaines plus tard, j’étais donc près à passer à l’étape suivante.

 

Design général du système

        La photo ci-bas montre visuellement le design proposé pour le système. Il est à noter que ce design rencontre toutes les spécifications générales énoncées auparavant dans ce document. Les équipements proposés sont faciles à utiliser, à installer et à changer. Les modules de communications peuvent même être débranchés et rebranchés sans nécessairement couper l’alimentation du circuit (Hot PnP). Le propriétaire pourra donc effectuer des branchements et débranchements à condition que l’architecture globale soit respectée. Le système utilise l’interface d’un des ports de communication série de l’ordinateur (Com1 ou Com2). On peut retrouver ces ports sur tous les ordinateurs. Le système proposé utilise le protocole de communication RS-485 qui permet de contrôler jusqu’à 25 nœuds de communication pouvant eux-mêmes lire ou contrôler sept modules de multiplexage qui peuvent opérer jusqu’à 16 canaux chacun. Un calcul rapide nous donne un total de 2800 capteurs ou circuits pouvant être contrôlés. De plus, le protocole RS-485 offre aussi les avantages d’un réseau. C’est à dire que l’on peut ajouter où bon nous semble des nœuds additionnels au système. Je crois que le point de l’expansion est bien adressé.

 

        Les capteurs choisis opèrent dans la plage exigée et le transfert de mV à mA du circuit de lecture permet aussi d’adresser les besoins en distance. Pour ce qui est de la température opérationnelle, chaque composant choisit respecte des normes bien au-delà des températures extrêmes du Canada. Le système devrait fonctionner normalement de -40° à +70° Celsius. Pour ce qui est du climat, il faudra protéger les circuits de capteur dans une boîte hermétique, utiliser du câblage répondant aux normes extérieures et placer les modules de communications dans un endroit à l’abri des intempéries. Ce qui avait déjà été planifié par le propriétaire.

 

Tests des composants électroniques

Circuit sur board

        Plusieurs tests furent nécessaires afin de prouver le fonctionnement du système. Le premier test a consisté au montage du circuit du capteur (voir photo ci-jointe) et de le calibrer pour couvrir la plage de 4-20 mA lors de l’application d’une pression différentielle de 0-29 PSI. Le premier calibrage se faisait sans pression appliquée sur le capteur. On ajuste donc la limite inférieure afin d’obtenir 4 mA. Le deuxième calibrage est pour la limite supérieur. Pour le réaliser, j’ai inversé l’utilisation du capteur. C’est-à-dire que j’ai appliqué une différence de pression, non pas en utilisant une pression négative (vacuum) mais en utilisant une pression positive provenant d’un pneu de bicyclette. J’ai d’abord placé 29 PSI dans mon pneu et j’ai connecté la valve de ce pneu sur le port du capteur désigné pour les pressions positives en laissant le port pour les pressions négatives à l’air libre. J’obtenais donc une différence de pression de 29 PSI qui m’a permis de calibrer ma limite maximale de 20 mA. Une fois le circuit testé et fonctionnel, j’ai ajouté un régulateur de tension au sein du circuit qui assurera un voltage stable peu importe la longueur du circuit de courant. Quelques petits ajustements furent requis, mais en général ce deuxième test a fonctionné assez bien. Mon circuit de capteur est donc opérationnel.

        Le test suivant comprenait une vérification de la connexion de l’ordinateur jusqu’au capteur. Le but de ce test était de confirmer que l’ordinateur pouvait lire le signal provenant du capteur à travers du module de multiplexage, du module de communication et du port de communication série. Pour ce faire, un logiciel gratuit permettant la reconnaissance et la configuration des modules de communications fut utilisé. Le premier essai fut sans succès car le module de multiplexage reçu initialement était défectueux. Aussitôt que la faute fut confirmée par le service technique du manufacturier, un second module me fut expédié. Les tests furent donc repris et cette fois avec succès. À ce point, l’aspect matériel du projet était complété.

 

Choix et conception logiciel

       Initialement, j’avais en tête de choisir un logiciel et par la suite adapter le design du matériel à ce dernier. Je me suis vite rendu compte que cela devrait être l’inverse. J’ai commencé par vérifier les librairies d’entrée/sortie des langages C++ et Java et j’avais opté pour un design en Java car les librairies en Java étaient plus faciles à comprendre que le celles du C++ et, de plus, j’aimais mieux programmer en Java. Après quelques recherches personnelles et des discussions avec le personnel et des élèves du département d’informatique, j’ai découvert qu’un élève en génie utilisait un logiciel de cinquième génération appelé LabView pour un projet en ingénierie. Après avoir reçu une démonstration de ce logiciel, confirmé sa convenance pour mon projet et entendu la rumeur qui voulait que le département soit sur le point d’acquérir ce logiciel, j’ai proposé d’utiliser LabView à mon professeur superviseur. Ce dernier accepta immédiatement l’idée et me confirma que l’UQAH envisageait effectivement d’acquérir ce logiciel sous peu. Il est à noter qu’à ce point seulement la version d’essai était disponible à l’université. Cependant, après quelques vérifications, cette version m’était amplement suffisante pour effectuer mes tests. J’ai donc commandé quelques livres sur le sujet et réservé une place à un séminaire de LabView offert à Ottawa en octobre. Pour moi cette solution presque tombée du ciel était parfaite car LabView est un logiciel destiné à des fins de contrôles et lectures industriels. Exactement ce qu"il me fallait! De plus, les modules de communications étaient reconnus par une librairie de ce logiciel. À ce point, je savais que j’évitais la majorité des problèmes reliés à la non-compatibilité entre les composants.

        Après quelques semaines d'exercice avec le logiciel, j'ai débuté la réalisation de l'aspect logiciel de mon projet. Étant donné que ce langage est purement graphique, l'approche fut quelque peu différente de celle d'un langage orienté-objet courant. J'ai cependant remarqué que les principes et les concepts généraux de programmation étaient presque identiques. Des fonctions prédéfinies furent utilisées et même d'autres fonctions furent créées.

        En résumé, mon programme permet de lire continuellement deux canaux de courant variant de 4-20mA provenant d'un module de multiplexage. Le programme commence par initialiser la communication avec les modules de communications (fonction Initialisation.vi) et par la suite il demande de créer un fichier appelée myData.txt pour enregistrer les données lues. À toutes les secondes, il lit les deux canaux, traduit les données lues de mA à PSI et les envoie sur le graphique et sur les indicateurs pour visualisation. De plus, le programme compare ces données en PSI avec les limites indiquées par "Limite basse" et "Limite Haute" et active l'alarme visuelle s'il y a lieu. En parallèle avec ce procédé, le programme formate les lectures en PSI et les concatène avec la date, l'heure et des "tab", pour ensuite les enregistrer sur une ligne indépendante du fichier myData.txt. Si le programme rencontre une erreur de fonctionnement, cette dernière sera affichée au sein des registres concernés et le programme s'arrêtera automatiquement. Autrement, pour arrêter le programme il faut appuyer sur la touche "ARRÊT".

 

Tests d'intégration en laboratoire

        Les tests d'intégration matériel/logiciel en laboratoire furent pratiquement continuels à partir du moment où j'ai commencé à développer mon programme. Au fur et à mesure que j'ajoutais une fonctionnalité à mon programme, je vérifiais si tout fonctionnait correctement avec le domaine matériel. Étant donné que l'université m'avait prêté de l'équipement de vérification comme une source de tension et un multimètre, j'ai donc pu développer le tout chez-moi. Cet avantage m'a permis de progresser beaucoup plus vite que la normale.

 

Démonstration en laboratoire et installation en situation

        Cette partie s'effectua en deux séances distinctes la dernière semaine du semestre (10-14 décembre 2001). Les photographies ci-basses représentent le montage utilisé pour les démonstrations.

photo1 démonstration
photo2 démonstration

        Durant la première séance, j'ai démontré le fonctionnement du système à mon professeur superviseur, tandis que la deuxième séance fut consacrée à mon client venu expressément de Beauce pour voir mon projet. En général, ce dernier fut assez impressionné par le produit final et surtout par l'interface de qualité qu'offre le logiciel LabView. Je lui ai expliqué de fond en comble le fonctionnement du système car il prévoit l'installer dans son érablière biologique commerciale dès ce printemps. Étant donné que je participerai à l'installation, nous avons établi ensemble un plan d'action afin de limiter les risques d'échec reliés à l'implantation du système. En bref, tout semble prêt pour l'installation sauf le circuit du capteur. Je lui ai proposé d'aller de l'avant avec l'acquisition d'un rouleau de 1000 pieds de fils téléphonique afin de certifier le fonctionnement des capteurs dans un environnement à grande distance. De plus aussitôt que ces tests seront complétés et concluants, nous procéderons au design du circuit imprimé du capteur, à sa réalisation et à une dernière série de tests. Ce n'est seulement que par la suite que nous procéderons à l'installation en situation.

        Les coûts du système furent aussi discutés. En bref, chaque capteur coûterait environ $45 CAD, incluant le boîtier et les connecteurs. Sur ce, il faut cependant ajouter le coût du circuit imprimé. Le matériel réseau reviendrait à $2500, sans compter le coût du filage. Pour ce qui est du logiciel, une licence normale coûte environ $1595 tandis qu'une licence permettant les .exe coûte dans les $5600.

 

Conclusion

        Ce travail fut extrêmement intéressant car cela m'a permis de compléter le processus de développement d'un système de la capture des besoins jusqu'aux tests et démonstration en laboratoire. J'espère même avoir la possibilité d'aller au-delà en installant réellement le système dans une érablière commerciale. Ce projet fut aussi complet dans le sens qu'il a fallut que je touche non seulement à l'aspect logiciel mais aussi à celui matériel. Tel qu'introduit lors de ma présentation, beaucoup de leçons furent tirées de cet apprentissage. Je ne vais pas entrer dans les détails mais ces dernières m'ont permis d'augmenter mon niveau de compréhension du processus de développement et de forger ma confiance en soi.